L’Europe face à l’abandon américain : Faillite stratégique ou prise de conscience tardive ?

Veuillez lire l’article d’origine de TNTV avant de poursuivre sur cette analyse.

(Crédit photo – Cette réunion a été décidée après le clash entre Zelensky et Trump. © JUSTIN TALLIS)


L’article de TNTV Tahiti Nui Télévision tente de dépeindre un front uni des alliés européens derrière Volodymyr Zelensky face à une réalité qui les dépasse : les États-Unis ne veulent plus jouer les gendarmes du monde. Le sommet de Londres n’est pas une démonstration de force, mais plutôt une réunion de crise où l’Europe tente de masquer son impuissance grandissante. Derrière les grands discours sur la sécurité du continent se cache une angoisse existentielle : et si Trump lâchait définitivement l’Ukraine ? Et si l’Europe, habituée depuis 1945 à vivre sous l’aile protectrice de Washington, se retrouvait seule face à l’histoire ?


1. L’effondrement du mythe de l’Occident uni

Une fracture transatlantique irréversible ?

Le sommet de Londres est présenté comme une démonstration de solidarité, mais il dissimule une déchirure brutale entre les visions européenne et américaine de la guerre en Ukraine. En se présentant comme médiateur entre Kiev et Moscou, Trump brouille les lignes : Washington ne considère plus la Russie comme l’agresseur, mais comme un acteur légitime avec lequel il faut négocier. C’est un coup de massue pour l’Ukraine, mais surtout pour l’Europe qui a toujours fondé sa stratégie de défense sur un axiome simple : l’ennemi de Washington est aussi le nôtre.

Or, ce paradigme vole en éclats. Si Trump abandonne l’Ukraine, que vaut encore l’OTAN ? Ce n’est pas simplement une question militaire, mais une crise existentielle pour le Vieux Continent. Ce que l’article n’ose pas dire, c’est que les Européens sont totalement dépendants des États-Unis. Leur belle rhétorique sur la « sécurité collective » masque une dure réalité : sans Washington, l’Europe n’a ni l’armée, ni l’industrie de défense, ni la doctrine stratégique nécessaire pour faire face à la Russie. L’hypothèse d’un OTAN européen sans les États-Unis ? Un mirage : l’UE est un colosse bureaucratique sans colonne vertébrale militaire, incapable d’agir sans le feu vert américain.


2. Zelensky : de héros occidental à pion sacrificiel

Le retournement de Washington : simple pragmatisme ou trahison pure et simple ?

L’un des aspects les plus troublants de cette crise est la mise sous pression de Zelensky par l’administration Trump. Le président ukrainien, autrefois « chouchou » des démocraties libérales, devient un problème que l’on aimerait bien voir disparaître. Trump ne se cache même plus : soit Zelensky négocie, soit il saute. L’Europe, sidérée, assiste à cette mise en scène sans rien dire.

Il est fascinant de voir à quel point les héros sont jetables en politique internationale. En 2022, Zelensky était l’homme providentiel, encensé par les médias occidentaux. Aujourd’hui, il dérange. Son refus catégorique d’accepter des concessions à Moscou gêne une partie des élites occidentales qui voudraient passer à autre chose. Pourquoi ? Parce que la guerre en Ukraine coûte trop cher. Parce que les Européens sont fatigués, et que les Américains, sous Trump, ne veulent plus payer la facture d’une guerre qui n’est pas la leur.

Ce que l’article tait soigneusement, c’est la véritable hypocrisie des Occidentaux : ont-ils jamais réellement voulu la victoire de l’Ukraine, ou bien ont-ils seulement voulu affaiblir la Russie sans prendre de risques ? Trump, lui, tranche dans le vif : il veut clore le dossier ukrainien et repositionner les États-Unis sur des enjeux plus immédiats (Chine, économie, immigration). Son cynisme choque, mais n’est-il pas simplement la traduction brutale d’une réalité que l’Europe refuse de voir en face ?


3. L’Europe peut-elle survivre seule ?

Le mythe d’une autonomie stratégique

Face à l’effondrement de l’axe transatlantique, l’Europe tente de se persuader qu’elle peut prendre son destin en main. Macron parle d’une dissuasion nucléaire européenne. Von der Leyen évoque l’urgence de réarmer le continent. Des chiffres impressionnants sont avancés : des centaines de milliards d’euros pour la défense.

La réalité, cependant, est moins glorieuse. L’Europe est structurellement incapable de se défendre seule. Pourquoi ? Parce qu’elle a délégitimé la puissance militaire depuis des décennies. Parce qu’elle a démantelé son industrie de défense sous prétexte de paix et de coopération. Parce qu’elle est incapable de prendre des décisions rapides sans passer par une bureaucratie kafkaïenne.

Là encore, l’article esquive les vraies questions :

  • Qui paiera cette armée européenne ? Les Allemands, qui rechignent déjà à financer leur propre défense ?
  • Qui prendra les décisions stratégiques ? Macron, qui rêve de leadership, ou Scholz, qui ne veut pas fâcher ses électeurs pacifistes ?
  • Qui sera prêt à mourir pour « l’Europe » ? Une population vieillissante, gavée de pacifisme et persuadée que la guerre ne la concerne pas ?

L’Europe se réveille brutalement d’un rêve où les États-Unis garantissaient sa sécurité sans contrepartie. Ce rêve s’effondre, et les dirigeants européens n’ont aucune solution immédiate pour éviter le cauchemar qui s’annonce.


4. L’Ukraine : un pion sacrifié sur l’échiquier du nouvel ordre mondial

Un abandon programmé ?

Si Trump va au bout de sa logique, l’Ukraine sera contrainte d’accepter un accord humiliant. Moscou obtiendra ce qu’elle veut : un territoire élargi, une Ukraine neutralisée, et une Europe affaiblie et divisée. En d’autres termes, tout ce que Washington disait vouloir empêcher en 2022 pourrait se réaliser sous l’impulsion d’un président américain élu par les mêmes citoyens qui se disaient solidaires de Kiev il y a deux ans.

Et que fera l’Europe ? Elle protestera, bien sûr. Elle dénoncera la trahison américaine. Mais elle n’aura pas d’autre choix que de s’adapter. L’Ukraine servira de leçon : dans la vraie politique, il n’y a ni amis ni ennemis éternels, seulement des intérêts.

Zelensky sera-t-il la dernière victime de cette trahison ? Pas forcément. L’Europe elle-même pourrait être la suivante. Car si Trump lâche l’Ukraine, qu’est-ce qui empêcherait demain Washington de lâcher la Pologne, les États baltes, ou même l’OTAN tout entier ? L’Europe a longtemps cru qu’elle était une priorité stratégique pour les États-Unis. Elle découvre aujourd’hui qu’elle n’est qu’un dossier parmi d’autres, un détail sur la grande carte des intérêts américains.


Conclusion : Vers un basculement historique

Nous assistons à la fin d’un cycle. L’ordre mondial post-1945 est en train d’être démantelé sous nos yeux. L’Europe, qui croyait pouvoir exister sans puissance militaire propre, découvre qu’elle n’a jamais été aussi vulnérable. L’Ukraine, qui pensait incarner la cause sacrée de la liberté occidentale, comprend qu’elle n’a jamais été qu’un pion. Et Washington, qui se posait en protecteur du monde libre, démontre qu’il n’a qu’un seul maître : ses propres intérêts.

Alors, l’Europe est-elle prête à assumer son destin ? La question est posée. Mais il faudra bien plus que des discours grandiloquents pour y répondre. L’histoire ne fait pas de cadeaux à ceux qui refusent d’affronter la réalité.

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