Monoï confisqué, confiance envolée : la grande fracture des vols inter-îles

La vie en Polynésie, c’est un enchevêtrement de liens, de gestes simples et de partages. Traverser la mer pour rejoindre une autre île, c’est un acte ancré dans la routine, chargé d’humanité, de traditions et d’amour. Mais voilà que ce rituel se transforme en parcours du combattant bureaucratique : des règles nouvelles, copiées-collées du reste du monde, tombent sans prévenir, bouleversant la manière de vivre, d’aimer, de soigner, de transmettre. Derrière la froideur administrative, c’est tout un équilibre fragile qui vacille. Ici, nous allons ouvrir les yeux sur ce qu’on ne dit jamais, mettre à nu les contradictions, dénoncer les fausses évidences, et surtout réveiller la conscience de celles et ceux qui n’acceptent pas de voir leur société défigurée au nom de l’uniformité et de la peur. Laissez-vous toucher, bousculer, surprendre : cette analyse n’est pas faite pour rassurer, mais pour réveiller.


Changement réglementaire : le jour où la distance est devenue méfiance

On se lève un matin, et soudain, voyager d’une île à l’autre n’a plus le goût d’avant. On a beau être chez soi, tout à coup, on se sent étranger sur ses propres terres. Qui a décidé ça ? Qui a cru bon de transformer la traversée d’un lagon en formalité glaciale ? On nous a rien demandé. On ne nous a pas expliqué pourquoi. Juste une affiche, quelques annonces. « C’est la règle, maintenant. » Et dans le regard des autres, cette gêne, cette résignation. Plus personne n’ose demander le pourquoi du comment. On nous impose, et il faudrait dire merci. Mais où sont les voix qui s’élèvent pour rappeler qu’ici, chaque île est une famille, chaque vol est une main tendue ? Ce silence nous fait mal. Il nous renvoie à cette vieille blessure : celle d’être toujours consultés après coup, jamais avant.


Le scandale du flacon de monoï : quand notre identité devient suspecte

Imagine-toi, grand-mère qui apporte un peu de monoï à sa fille de l’autre côté du lagon. Imagine ce pêcheur qui ramène du poisson salé à son frère malade. Ces gestes, ces petites habitudes, on les tient de nos parents, de nos anciens. Aujourd’hui, tout cela est mis dans la case « interdit ». Pourquoi ? Parce qu’un règlement venu d’ailleurs voit dans chaque flacon, chaque pot de confiture, un potentiel danger. Comme si l’amour, la générosité, la coutume pouvaient faire exploser un avion. C’est violent. C’est absurde. Et tu sens monter la colère, l’humiliation. Ceux qui nous font ça ne voient pas la vie qu’il y a derrière ces objets. Pour eux, tout se ressemble, tout se contrôle. Et nous ? On se tait, on obéit, la tête basse, parce qu’on ne veut pas d’ennuis. Mais chaque fois qu’on jette ce monoï à la poubelle, c’est un peu de nous qu’on piétine.


Piège des exceptions : quand l’administration oublie nos vies réelles

On nous rassure : « ne vous inquiétez pas, il y a des exceptions. » Mais dans la vraie vie, tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire chercher une ordonnance pour le biberon du bébé, courir après un papier signé pour les médicaments du grand-père. Ici, sur nos îles, tout le monde ne va pas chez le médecin pour une signature. Ici, parfois, c’est l’urgence qui décide, pas la paperasse. Et qui pense à ceux qui ne parlent pas bien français, qui n’ont pas Internet, qui vivent loin de tout ? Personne. Le règlement te regarde de haut, il ne s’adapte pas. Il juge, il trie, il exclut. Et toi, tu expliques, tu t’excuses, tu t’énerves, mais rien n’y fait. On appelle ça « souplesse », mais c’est du béton.


L’argument de la sécurité : la peur pour couper court à tout

On nous dit : « C’est pour votre sécurité ». La phrase qui tue le débat. Tu as envie de demander : mais quel danger, ici  ? Depuis quand la Polynésie est-elle une cible  ? Mais personne n’écoute. Tu sens qu’au fond, ce n’est pas de nous qu’il s’agit. C’est de se protéger eux, de faire bonne figure devant les puissants, de prouver qu’on fait comme tout le monde. On nous colle la peur sur le dos. Si tu protestes, tu passes pour inconscient. Alors on se tait. Mais on n’y croit pas. On se sent infantilisés, réduits à des enfants turbulents qu’il faut surveiller. Pourtant, ici, la confiance était la règle, pas l’exception.


Mort douce de la confiance : on nous vole ce qu’on avait de plus précieux

Il y a quelque chose de brisé, là, qu’on n’ose pas nommer. Avant, le voyage entre les îles, c’était la fête, la réunion, la famille. Maintenant, c’est l’inquiétude, la suspicion, le contrôle. On se regarde moins. On ose moins demander de l’aide. On pense d’abord à soi, on se méfie. C’est insidieux : à force de nous traiter comme des suspects, on finit par agir comme des étrangers. Ceux qui ont fait ces règles ne voient pas ça. Ils ne savent pas ce qu’ils cassent. La Polynésie, c’était la chaleur humaine, la générosité. Aujourd’hui, c’est la froideur administrative qui gagne du terrain. On n’a rien signé, on n’a rien voulu, mais on se fait voler, chaque jour, un peu de ce qu’on était.


L’interdiction de penser autrement : la norme étrangère comme muselière

On a grandi avec cette fierté : ici, on sait s’adapter, inventer, improviser. On trouve toujours une solution. Mais ce règlement, il t’interdit de penser, de suggérer, de négocier. Si tu proposes une idée, on te répond : « Ce n’est pas possible, ce n’est pas la norme ». Alors on baisse la tête, on exécute, on oublie peu à peu ce goût de la débrouille qui nous faisait avancer. On n’apprend plus rien. On subit. Les plus jeunes regardent et se disent : « À quoi bon essayer, tout est déjà décidé ». On nous enlève le droit de faire différemment, d’être fiers de notre façon d’agir. On nous impose la copie, la conformité, la grisaille.


La tyrannie du zéro risque : la vie sous cloche, la société sous surveillance

À force de vouloir tout contrôler, on étouffe la vie. C’est ça, le vrai risque : un monde où rien ne dépasse, où tout est interdit au nom d’une sécurité absolue face à un danger qui n’existe pas. Ici, la vie est mouvement, imprévu, improvisation. Vouloir tout figer, c’est tuer la joie, la spontanéité, la solidarité. On finit par se surveiller, par se méfier de l’autre, par avoir peur de faire un pas de travers. Ce n’est pas la Polynésie qui nous ressemblait. Ce n’est pas le monde dans lequel on veut voir grandir nos enfants. Les décideurs, eux, dorment tranquilles. Mais nous, on sent que quelque chose se dérègle, et ça fait mal.


Le dernier sursaut : refuser la résignation, revendiquer la différence

On a le droit d’être en colère, d’être tristes, d’avoir peur pour notre avenir. Mais on a aussi le devoir de ne pas se résigner. On n’est pas condamnés à imiter, à obéir, à disparaître dans la masse. Ce qui fait la force de la Polynésie, c’est sa capacité à réinventer, à débattre, à contester quand il le faut. Il est temps de rappeler à ceux qui décident loin de nous que notre différence est notre richesse, pas un problème à éliminer. La vraie sécurité, c’est celle qui fait confiance, qui écoute, qui s’adapte. On ne demande pas l’impossible : juste qu’on nous respecte assez pour nous laisser être nous-mêmes. Ce texte est un cri, une alerte.


Ce texte ne cherche pas à vous consoler, ni à vous donner des réponses toutes faites. Il invite, au contraire, à vous faire réfléchir. Si vous avez un pouvoir de décision, agissez pour préserver cette différence qui faisait partie intégrante de notre culture : union, partage, confiance, joie. Si vous ressentez de la colère, du doute, de la tristesse, c’est que vous êtes encore vivant, encore prêt à défendre ce qui fait la richesse et la beauté de votre société. La Polynésie ne doit pas se contenter d’absorber ce qui vient d’ailleurs. Elle doit redevenir un lieu de résistance créative, un exemple pour tous ceux qui refusent de voir leur quotidien dissous dans la normalisation où on brandit toujours le mot « sécurité » pour faire accepter l’inacceptable. À vous de continuer la réflexion. Parlez-en. Posez des questions. Imaginez d’autres chemins. Ce n’est qu’en reprenant la parole qu’on pourra, un jour, retrouver la fierté d’être vraiment soi-même, libre et respecté.

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